Le Cantique des créatures

Saint François d'Assise

 

« Dimanche autrement » sur le thème du pardon

Janvier 2020,paroisse de Ligny

Une chorégraphie du cantique clôture la matinée, 

en voici l'introduction ( dialogue entre les animatrices, les chérubins et l’assemblée). 

 

  

Pardonner, ce n’est pas toujours facile !

Remettre une dette, ce n’est pas plus évident.

Et pourtant, si l’on veut trouver la paix en soi, on doit accepter que nous n’avons pas tout pouvoir sur les choses, les personnes… qu’il y a des situations qui nous échappent. 

 

C'est vrai. Comme on dit, il convient de « lâcher-prise » !  

 

 

Saint François peut nous aider. Lui aussi, le « poverello » a dû traverser l’épreuve de la dé-maîtrise.  Et même pour lui, cela a été difficile, douloureux. Mais quelle expérience sublime il a vécu après … Le cantique des créatures en est un témoignage.  

Vous connaissez saint François les enfants ? L’histoire du loup, de la rencontre avec le lépreux ... François est né en Italie, en 1182 à la fin du Moyen-Age. A 24 ans, il renonce à la fortune de son père, lui rend tous ses vêtements. Il quitte sa famille pour aller réparer les chapelles comme le Seigneur le lui avait demandé. Il veut vivre très simplement comme Jésus. Pour cela, il mène une vie au contact des pauvres et annonce l’Evangile. Attention, être pauvre ne signifie pas ne rien posséder, mais ne pas s’attacher à ce que l’on a, à ce que l’on est ; rejeter ce qui nous donnerait du pouvoir sur les autres.

 

Ainsi les frères devaient travailler pour gagner leur vie, mais pas pour économiser ou devenir de puissants créanciers comme l’homme de la parabole. Il ne voulait pas que ses compagnons fassent de hautes études parce qu’à l’époque, cela donnait du pouvoir sur les autres.

 

Ce que propose François répond à un besoin de l’époque. Beaucoup le rejoignent pour devenir ses compagnons. En 1220, ils sont près de 5000 en Europe. C’est à cette période que François décide d’aller en Terre Sainte où il reste un an. Mais à son retour, plus rien ne va. 

 

 

Il n’y a plus d’unité entre les frères. Certains pensaient que vivre dans la pauvreté signifiait ne plus se laver, ne plus prendre soin de soi. L’évêque encourage les frères les plus intelligents à faire des études. D’autres veulent construire des monastères … Et François est obligé d’écrire des règles pour tout ce petit monde.  Pendant deux ans, il va vivre un véritable combat intérieur : « Qu’en était-il de ce qu’il avait construit ? ». Ce qu’il voit ne correspond plus vraiment à son idéal de départ de vivre comme Jésus. 

 

Faut-il accepter cette évolution Obéir à l’autorité de l’Eglise ? Oui, bien sûr, mais l’Evangile là-dedans ? C’était une véritable tempête de sentiments : colère, angoisse, compréhension et tantôt une infinie tristesse. 

François est contesté par les siens et se retrouve seul. Très malade, il se réfugie avec quelques frères dans la solitude de la montagne.  Petit à petit, le Seigneur lui fait comprendre que tout cela ne lui appartient plus. Un jour, il perçoit une voix d’une infinie tendresse qui lui parle au cœur :« Pauvre petit homme ! Apprends donc que je suis Dieu et cesse de te troubler. Je t’ai confié mon troupeau, mais je n’en demeure pas moins le berger.  Ce que j’accomplis par toi ne relève pas de ton habilité, mais de ma grâce. … L’avenir de l’Ordre, c’est mon affaire. Ne te trouble donc pas ! » (Voix off)

  

 Dieu ! fit doucement François, - comme si ses yeux s’ouvraient- tu es gardien et défenseur, grand et admirable Seigneur !  En même temps, il sentait tout son être se détendre. La paix de la désappropriation radicale l’envahissait. Son le visage d’ombre et de solitude se mit à rayonner comme un soleil. » 

 

(Enfant) C’est alors que saint François a écrit le « Cantique du frère soleil » ? 

Pas encore, mais il le chantait sûrement au plus profond de lui-même.

 

(Enfants) C’est quand alors ? On veut savoir !!!

 

 En 1225, François a 43 ans. Il est très malade : il souffre atrocement des yeux et ne supporte plus la lumière du jour. Il ne peut plus ni dormir, ni se reposer… et se demande ce que le Seigneur pourrait encore attendre de lui. Au bout de cinquante jours, n’en pouvant plus, il supplie Dieu  qui lui répond:    « François, réjouis-toi comme si tu étais déjà dans mon Royaume … »


« Une lumière très douce envahit tout son être et lui fait voir toute chose nouvelle, comme un matin de Pâques. Il comprend ce que le Seigneur attend de lui : « Vivre la joie de toutes choses ensemble. » Pour lui qui était aveugle, c’est un matin merveilleux de lumière. C’est alors que François appelle ses amis et se met à chanter le cantique. 

 

(Enfants avec esquisse de leur gestuelle) Wouaw ! C’était vraiment un grand poète François : « Loué sois-tu pour frère soleil ! », « Loué sois-tu pour notre frère le vent ! », « Loué sois-tu pour notre frère le feu ! »

 

Par-dessus tout, il prie et loue Dieu en communion avec la création. Avec les images de son cantique, il nous fait comprendre trois choses. D’abord, les fruits du combat intérieur qu’il vient de traverser. La paix et la joie du Seigneur, comme le soleil, brillent dans son cœur et illuminent toute sa personne. La colère qui était tempête est devenue une brise légère. Les larmes confiées au Père sont désormais sources bienfaisantes … le feu de son désir purifié par l’Esprit Saint le réchauffe maintenant dans la paix. Cela, il peut le pressentir pour le monde entier. 


Vous l’avez entendu, François appelle les éléments de la nature « frères » et « sœurs ». Ce n’est pas pour un effet de littérature, il croit profondément que nous sommes tous créés par Dieu : nous, et aussi toutes les autres créatures, même inanimées. Chacune révèle quelque chose de notre Créateur. Nous formons une grande fraternité qui répond aux mêmes lois universelles. Cela est une nouveauté propre à saint François.

 

Enfin, et c’est très important, François se reconnait humble créature parmi les autres. Il n’est pas plus qu’un autre, même s’il est à l’origine d’un Ordre prospère. Il regarde toute créature comme digne d’intérêt, de respect.

 

Deux ans après, juste avant de mourir, François ajouta une nouvelle strophe à son poème. Il y parle du pardon et de notre sœur la mort. Avec elle aussi, il est en paix ; il sait qu’elle le conduira à son Dieu.

 

 

Peut-être qu’à un moment de notre vie,

nous avons, nous aussi, à faire cette expérience :

 Vivre dans cette confiance en Dieu que certaines choses ne nous appartiennent plus…

Et nous découvrirons la profondeur du « Cantique des créatures » de saint François d’Assise.